Excellence Monsieur le Président de la République,
Avec mes hommages les plus déférés,

Alors que le monde entier a commémoré, ce 02 novembre 2025, la Journée Internationale de la Fin de l’Impunité pour les Crimes commis contre les Journalistes, instituée par les Nations Unies suite à l’assassinat des journalistes français Ghislaine Dupont et Claude Verlon, la République Démocratique du Congo se souvient, avec une profonde douleur, du double meurtre qui a endeuillé toute la presse congolaise, à cette même date, vingt années aujourd’hui.

En effet, dans la nuit du 02 au 03 novembre 2005, le journaliste Franck NGYKE KANGUNDU, rédacteur politique du journal La Référence Plus, et son épouse Hélène MPAKA, ont été sauvagement assassinés dans leur résidence du quartier Mombele, dans la commune de Limete, devant leurs enfants.
Ce crime odieux avait pour objectif de faire taire une plume libre, engagée et courageuse.

Malgré la grande mobilisation des organisations professionnelles des médias, tant nationaux qu’internationaux; malgré les marches, les conférences, les rapports et les plaidoyers; la vérité sur ce qui s’apparentait être un règlement de compte, n’a jamais élucidée dans son intégralité. Faisant croire à certains que ce dossier serait classé “sensible”.
Certes, trois militaires congolais ont été arrêtés, jugés et condamnés, reconnus comme exécutants matériels. Mais, les commanditaires identifiés par plusieurs rapports d’enquête n’ont, à ce jour, jamais été inquiétés.

Depuis, les orphelins, les familles du couple défunt, les professionnels des médias, les défenseurs des droits humains et une frange importante de l’opinion nationale et internationale réclament vérité, justice et réparation. Pire encore, comme une prime à l’impunité, ce crime crapuleux a normalisé et encouragé implicitement les assassinats des journalistes dans toute la République gonflant ainsi le rang des enfants, veuf et veuves victimes de la presse et faisant de cette profession noble, un travail à haut risque dans un pays de “droits”.

Excellence Monsieur le Président de la République,

Votre accession au pouvoir avait fait naître un grand espoir, car vous avez proclamé l’avènement d’un État de droit.

Pour nous, orphelins de journalistes assassinés, cela signifiait la fin d’une justice sélective à double vitesse, le rétablissement de la vérité et la fin de l’impunité. Nous avions nourri l’espoir que nos parents se reposeraisent enfin en paix.

Cependant, à ce jour, et ce malgré plusieurs sollicitations de notre part pour vous rencontrer, en votre qualité de Père de la nation, Garant des Institutions, nos demandes sont restées vaines.

Excellence Monsieur le Président de la République,

L’alternance au pouvoir , saluée par l’ensemble des congolais n’est nullement le combat d’un seul parti politique. C’est le fruit d’un travail collectif, un travail d’équipe qui incluait, les politiciens, la société civile, l’Eglise, la presse, les étudiants et même des personnes indépendantes qui, malgré les sacrifices et privations consentis, se retrouvent tous au rang des anonymes.
Il est plus que temps de réparer cette injustice…

C’est pourquoi par devoir de mémoire, au nom de la justice, au nom de la promesse faite au peuple congolais de mettre fin à l’impunité, nous vous prions de ne pas laisser votre mandat s’achever sans un geste fort pour apaiser les cœurs et les esprits.

Le dossier de l’assassinat de Franck NGYKE qui a scandalisé l’ensemble de l’opinion et transformé la vie de cinq enfants, jadis mineurs en un cauchemar sans fin, pourrait constituer un signal positif de votre détermination à tourner définitivement la page à l’impunité et aussi à votre ferme volonté d’instaurer une justice pour tous, même pour les faibles, les pauvres et les personnes vulnérables. Aussi, il pourrait constituer un point de départ de votre souci à changer les codes et à braver les interdits en digne fils du “Sphinx”, véritable Père de la démocratie de notre pays.

C’est pourquoi, à l’occasion de cette commémoration internationale qui coïncidence à notre tragédie familiale, nous nous permettons de vous réitérer notre demande légitime qui s’articule autour de quatre points:

  1. La réouverture du dossier judiciaire du double assassinat de Franck NGYKE et d’Hélène MPAKA, afin d’identifier, poursuivre et condamner les commanditaires.
  2. La reconnaissance officielle, à titre posthume, de tous les journalistes et activistes des droits de l’homme assassinés pour que triomphe la démocratie en qualité de HEROS DE LA DÉMOCRATIE.
  3. Une réparation morale, symbolique et juridique pour les famille des journalistes assassinés, conformément aux principes de justice et de dignité humaine.
  4. L’érection d’une stèle ou d’un monument national en mémoire des combattants de la démocratie en RDC (journalistes, activistes des droits de l’homme, religieux, étudiants, indépendants) afin que leurs sacrifices ne tombent jamais dans l’oubli.

Excellence Monsieur le Président,

Il ne s’agit nullement d’un combat personnel.
Il s’agit d’un combat pour la justice, la mémoire collective, la liberté de la presse et la crédibilité de la République Démocratique du Congo, pays de droits de l’homme.

Aussi, il s’agirait particulièrement d’une motivation symbolique attendue par tous les chevaliers de la plume, hommes et femmes des médias qui continuent à risquer leurs vies en informant le peuple avec équité
et objectivité.

Excellence Monsieur le Président de la République,

“Le leadership n’a rien à avoir avec les titres, les positions, encore moins les organigrammes. Cest la capacité qu’à une personne à utiliser sa vie à influencer d’autres vies”.

Ce sont vos actes qui conforteront votre position de leader.

Excellence Monsieur le Président de la République,

Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à ces quelques propositions, qui nous le pensions, peuvent faire de votre mandat une période historique pour le droit et la reconnaissance des victimes silencieuse de l’intolérance politique pour que triomphe véritablement la démocratie.

Veuillez croire, Excellence Monsieur le Président de la République, en l’expression de notre respectueuse considération.

Grâce NGYKE KANGUNDU

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