La police zimbabwéenne a fait usage de matraques jeudi pour disperser une manifestation de partisans de l’opposition devant le tribunal, en colère contre le maintien en détention de dizaines de militants arrêtés à la mi-juin, après qu’ils se soient rassemblés sans autorisation officielle de la police.
Des dizaines de partisans de la Coalition des citoyens pour le changement (opposition) s’étaient rassemblés devant le tribunal de première instance de la capitale, Harare, et ont entonné des chants de protestation pour réclamer la libération de 78 militants à qui un magistrat avait refusé la liberté sous caution.
Des échauffourées ont suivi lorsque la police, qui avait maintenu une forte présence, a bousculé un avocat qui s’adressait à des journalistes à l’extérieur du tribunal, avant de se heurter à des partisans de l’opposition.
Les militants détenus, dont Jameson Timba, chef intérimaire d’une faction du parti d’opposition divisé, sont en détention depuis le 16 juin, date à laquelle ils ont été arrêtés à la résidence de Timba à Harare. Leurs avocats affirment qu’ils se trouvaient dans la maison pour un barbecue destiné à commémorer la Journée de l’enfant africain, un événement du calendrier de l’Union africaine.
Ils sont accusés de trouble à l’ordre public et de participation à un rassemblement dans l’intention de promouvoir la violence, les atteintes à la paix ou le sectarisme. S’ils sont reconnus coupables, ils risquent une amende ou jusqu’à cinq ans de prison.
La semaine dernière, Amnesty International a décrit les arrestations et les détentions comme “faisant partie d’un schéma inquiétant de répression contre les personnes exerçant leurs droits à la liberté de réunion et d’expression pacifiques”. Le groupe de défense des droits a demandé une enquête sur les allégations selon lesquelles certains des militants ont été torturés pendant leur détention par la police.
Amnesty et d’autres organisations internationales et locales de défense des droits de l’homme affirment que ces mesures mettent en évidence la poursuite de la répression, y compris la détention provisoire, à l’encontre de l’opposition et d’autres détracteurs du gouvernement, tels que les étudiants universitaires et les syndicalistes.
Le président Emmerson Mnangagwa, qui a promis des réformes démocratiques après avoir succédé au dirigeant répressif de longue date Robert Mugabe lors d’un coup d’État en 2017, nie les allégations, mais a également mis en garde à plusieurs reprises l’opposition contre l’incitation à la violence.
(Avec AP)