En République démocratique du Congo (RDC), le cardinal Fridolin Ambongo a livré un message choc, très politique et critique pour la messe de Pâques. L’archevêque de Kinshasa a dénoncé l’insouciance des autorités face à l’activisme rebelle du M23 dans l’est du pays sur fond, selon lui, d’actes qui fragilisent le pays.

Le rendez-vous était solennel, les fidèles sur leur « 31 », la cathédrale refoulait du monde. Tous étaient venus pour écouter l’archevêque, qui, dès l’entame de son homélie a posé un diagnostic très critique sur l’état du Congo : « Nous savons très bien que notre pays est aujourd’hui un pays en agonie, un grand malade dans un état comateux. La justice est la première instance à bafouer les droits de simples citoyens et nous tenons ici des discours comme si nous étions forts. La réalité est que le Congo n’a pas d’armée. »

Le cardinal explique ensuite que l’est du pays continue d’être occupé tandis que le pays « n’a aucune force pour défendre l’intégrité de son pays. Un éléphant aux pieds d’argile (…) c’est très grave pour une nation comme la nôtre ».

Puis le cardinal s’est adressé aux autorités, leur demandant de cesser des actes susceptibles de pousser à la rébellion. Une référence au ralliement de certains cadres de l’ex-parti présidentiel au M23. « Nous pouvons les traiter de traîtres, ils ont pris la cause de l’ennemi, mais la question de fond, c’est pourquoi ces gens ont-ils agi de cette manière-là ? C’est parce qu’au niveau d’ici, nous continuons à poser des gestes qui blessent les autres, qui fragilisent la communion nationale, qui excluent les autres. »

Les compagnies minières et les pays voisins aussi pointés du doigt

Ces mots n’ont suscité aucune surprise chez les fidèles de la paroisse, qui reconnaissent en leur pasteur un homme au franc parlé. « Les autres diront que ça a été politisé, mais tant que ça vise la paix, ce n’est pas mal, les gens ont tendance à minimiser ce qui se passe à l’est, estime ce paroissien. Il faut qu’on se réveille nous les congolais, j’ai comme l’impression qu’on est un peu distrait. L’homélie du cardinal était très importante. »

Le pays a, selon l’archevêque, touché le bas-fond de la souffrance. Mais la RDC n’est pas que victime de ses dirigeants, a précisé le cardinal, en pointant aussi la voracité des compagnies minières et les visées territoriales expansionnistes de ses voisins.

Avec RFI

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