Le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est dit jeudi à Kinshasa “préoccupé” par la décision des autorités de la République démocratique du Congo de rétablir la peine de mort.

“Je suis préoccupé après la récente décision (de Kinshasa) de lever le moratoire sur la peine de mort”, a déclaré Volker Türk devant la presse, à l’issue d’une visite de quatre jours en RDC au cours de laquelle il a notamment rencontré le président Félix Tshisekedi.

“Les Nations unies sont très claires, nous souhaitons l’abolition de la peine de mort partout dans le monde”, a-t-il rappelé.

“C’est le message que j’ai transmis aux autorités” de RDC, a-t-il poursuivi, ajoutant à propos de la réaction de ses interlocuteurs: “je pense que c’est un domaine sur lequel nous sommes convenus d’être en désaccord”.

Le 15 mars, le gouvernement a annoncé sa décision de lever le moratoire sur l’exécution de la peine de mort qui était en vigueur depuis plus de 20 ans dans le pays.

Il expliquait que cette mesure ciblait les militaires accusés de trahison, alors que la province du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC, est en proie à la rébellion du M23 (“Mouvement du 23 mars”) qui, soutenue par l’armée rwandaise, occupe de larges pans de territoire.

Elle vise aussi les auteurs de “banditisme urbain ayant entraîné mort d’homme”, ajoutait-il.

Cette décision a aussitôt été vivement critiquée par les organisations de défense des droits humains.

Durant son séjour, Volker Türk s’est également rendu dans l’est du pays, où il a visité des camps de déplacés à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, ainsi que dans la province voisine de l’Ituri, en proie elle aussi aux violences de groupes armés.

La population est “épuisée”, “écrasée par des décennies de conflit”, a constaté le Haut-commissaire, en déplorant notamment que “le M23 continue de semer la terreur” et “recrute de force des enfants dans ses rangs”.

“Tout rôle joué par le Rwanda dans le soutien au M23 doit cesser”. Il en va “de même pour tout pays qui soutient des groupes armés en RDC”, a-t-il ajouté.

Volker Türk a aussi souligné “les responsabilités” des “entreprises qui extraient le coltan” dans la région, riche en minerais convoités. “Le monde ne peut pas continuer à consommer sur le dos du peuple congolais”, a-t-il lancé.

Face à “l’accumulation de souffrances”, il faut “trouver une solution”, a-t-il insisté.

AFP

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