Le Cadre de concertation des forces politiques et sociales s’est réuni jeudi 10 octobre en séance plénière à Kinshasa. Leurs échanges ont porté sur des questions cruciales concernant la situation actuelle de la République Démocratique du Congo.
Dans leur déclaration rendue publique, cette frange de l’opposition invite les responsables de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) à faire preuve, du moins pour une fois, de maturité, de responsabilité et de compassion à l’égard du peuple congolais, en ce qui concerne la révision de certaines dispositions de la constitution nationale soutenue par les hauts cadres du parti présidentiel.
“Le Cadre de concertation des forces politiques et sociales invite les responsables de l’UDPS, parti en proie à des luttes intestines et qui peine à se doter aussi bien d’une direction unique que d’un leadership exemplaire, à faire preuve, du moins pour une fois, de maturité, de responsabilité et de compassion à l’égard de notre peuple et de respect envers les martyrs de la lutte pour la démocratie, en s’abstenant de rajouter de l’huile sur le feu, dans l’intention de brûler le pays au nom de l’ambition injustifiée d’un pouvoir à vie”, a-t-il déclaré.
Par ailleurs, il juge inapproprié et inopportun le débat lancé par l’UDPS, car cela ne répond nullement aux attentes du peuple quant à l’hypothétique concrétisation de « le peuple d’abord », slogan pieux, tombé dans les oubliettes de l’histoire des promesses jamais tenues.
“Ce faux débat ne répond à aucune attente immédiate parmi celles ressenties en ce moment par notre peuple qui n’y a jamais pensé et n’en a jamais eu besoin. Il ne sert que d’artifice et de manœuvre dilatoire au parti au pouvoir pour ne pas avoir à rendre compte de son bilan, sous le fallacieux prétexte d’une inadéquation de l’actuelle constitution avec la complexité de l’exercice du pouvoir”, a affirmé le Cadre de concertation des forces politiques et sociales.
Dans la foulée, le Cadre de concertation des forces politiques et sociales rappelle que, dans un passé récent, le peuple congolais a su, par la lutte et par d’énormes sacrifices, démontrer qu’il n’est ni demandeur ni preneur, encore moins partisan d’un troisième mandat ou d’un pouvoir à vie.
Selon lui, les Congolaises et Congolais consentent à être dirigés par un président à mandat limité et non par un président à vie, despote de son état, fût-il issu de l’UDPS ou d’ailleurs.
“Le parti au pouvoir a assez blessé notre pays. Il a assez fracturé notre nation, brisé son unité et rompu sa cohésion. Maintenant, ça suffit”, a-t-il poursuivi.
Et d’ajouter : “Le Cadre de concertation des forces politiques et sociales invite l’UDPS à cesser de faire de la Constitution le nouveau bouc émissaire de son incapacité à redresser le pays. Il s’insurge contre tout projet de révision ou changement de la constitution, dès lors qu’une telle démarche serait dangereuse pour le pays, d’autant qu’elle aggraverait la crise multidimensionnelle dans laquelle il est plongé”.
L’occasion faisant le larron, le Cadre de concertation des forces politiques et sociales a instamment invité le Chef de l’État Félix Tshisekedi à se désolidariser publiquement des flatteurs de son camp, en réaffirmant son attachement aux principes fondamentaux de démocratie et au respect des serments qu’il a solennellement prêtés à la face du monde, par son engagement irrévocable à respecter la Constitution et à quitter sans atermoiements le pouvoir à la fin de son second et dernier mandat.
“Il y a une vie après la présidence et les exemples existent, y compris dans notre pays”, a-t-il lancé.
En outre, il invite également les partis et regroupements politiques membres de l’Union sacrée à manifester leur désaccord avec l’UDPS en ce qui concerne son intention maléfique d’incendier le pays pour assouvir sa boulimie insatiable de pouvoir, en violation de la Constitution et contre la volonté du peuple souverain.
Pour rappel, lors d’un échange, dimanche 29 septembre, avec les militants de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Augustin Kabuya, secrétaire général et président intérimaire de ce parti au pouvoir, a affirmé que la révision constitutionnelle n’est pas nécessairement mauvaise, soutenant l’idée de revoir certaines dispositions.
« La révision constitutionnelle n’est pas quelque chose de mauvais. Qu’on ne dénature pas cette hypothèse. J’étais informateur et je connais les lacunes que comporte la constitution, notamment en ce qui concerne la formation du gouvernement. Vous avez appris au Sénégal, où le président, aussitôt élu, a directement nommé son Premier ministre », avait déclaré Augustin Kabuya.
Pour lui, dans la constitution actuelle, le Président de la République a en théorie 5 ans, mais en pratique, cela ne correspond qu’à 3 ans.
« Sur les cinq ans du Président de la République, six mois sont consommés sans véritable utilité. Après ce temps, le mandat de cinq ans dont on parle n’est pas effectif, car la cinquième année est une année électorale où tout le monde est en ébullition. Sur papier, le Président de la République a 5 ans, mais en réalité, c’est 3 ans. Peut-on accepter une telle constitution ? Nous devons revoir ces dispositions. Le chef de l’État est bloqué par la constitution », a-t-il affirmé.
Eldad B.