La situation à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), reste très confuse. Alors que les autorités congolaises avaient annoncé, le samedi 15 février, la reprise de la ville par l’armée et les milices Wazalendo, des sources locales et des témoins ont rapporté une présence persistante des rebelles du M23, appuyés par les Forces de défense rwandaises (RDF).
Plusieurs sources indiquent que les forces du M23 et les RDF ont été aperçues, dimanche 16 février matin, dans plusieurs quartiers stratégiques de Bukavu, notamment à la résidence du gouverneur du Sud-Kivu, sans combat direct. Par ailleurs, des pillages ont été signalés et des tirs sporadiques entendus dans certains quartiers. Cependant, la ville ne semblait pas sous un contrôle total, ni de l’armée congolaise (FARDC), ni des assaillants.
Alors qu’elles étaient visibles la veille, les FARDC semblent s’être repositionnées vers Nyangezi, sur la route d’Uvira. Ce retrait soulève des interrogations sur leur stratégie face à l’avancée des rebelles.
Réaction officielle du gouvernement congolais
Dans un message publié sur le compte X du ministère de la Communication et des Médias, le gouvernement congolais indique qu’il suit, heure par heure, la situation à Bukavu, marquée par l’entrée de l’armée rwandaise et de ses supplétifs le dimanche matin.
“Contrairement aux résolutions de Dar-es-Salaam, aux appels au cessez-le-feu de la communauté internationale, y compris l’implication du président Macron, le Rwanda s’entête dans son dessein d’occupation, de pillages et de commission de crimes ainsi que de violations graves des droits humains sur notre sol”, a déclaré le gouvernement.
En outre, le gouvernement dit mettre tout en œuvre pour rétablir l’ordre, la sécurité et l’intégrité territoriale, tout en invitant la population de Bukavu à rester à la maison et à ne pas s’exposer pour éviter d’être la cible des forces d’occupation.
“Bukavu, Goma et tous les autres territoires occupés dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu constituent le symbole de notre résistance. Restons tous debout, vigilants, résilients et unis face à cette épreuve, derrière nos forces armées et le président de la République, commandant suprême”, conclut-il.
De son côté, le Royaume-Uni a appelé à une cessation immédiate des hostilités et au retrait des forces rwandaises du territoire congolais, plaidant pour un retour au dialogue.
“L’entrée du M23 et des Forces de défense rwandaises à Bukavu constitue une violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC, ainsi qu’une violation de la Charte des Nations unies. Il s’agit d’une grave escalade qui accroît le risque d’un conflit régional plus large dont le coût humain serait dévastateur. Le Royaume-Uni appelle à une cessation immédiate des hostilités, au retrait de toutes les FDR du territoire congolais et à un retour au dialogue dans le cadre de processus de paix menés par l’Afrique. Il ne peut y avoir de solution militaire”, peut-on lire dans son communiqué.
Pour sa part, l’Union africaine (UA) a lancé un avertissement contre la “balkanisation” de la République démocratique du Congo (RDC), alors que les combattants du M23, soutenus par des troupes rwandaises, ont pris le contrôle de Bukavu.
“Nous ne voulons pas d’une balkanisation de la RDC”, a affirmé Bankole Adeoye, commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’UA.
Il a également appelé au retrait immédiat du M23 et de ses partisans des villes occupées, sans nommer explicitement le Rwanda. Cette prise de position ferme de l’UA reflète les inquiétudes croissantes quant à la stabilité de la région.
Eldad Bwetu.