Le pape François est décédé, a annoncé le Vatican ce lundi 21 avril, le lendemain de son apparition sur le balcon de la Basilique Saint-Pierre.
Le pape François est mort ce lundi de Pâques, 21 avril, au lever du jour à Rome. La nouvelle a été officiellement confirmée par le Vatican. Les causes de ce décès n’ont pas été précisées mais le pape était en convalescence au Vatican depuis le 23 mars, à la suite d’une longue hospitalisation à l’hôpital Gemelli de Rome où il avait été admis le 14 février 2025 pour une « bronchite » qui s’est révélée être une « pneumonie » le conduisant à une situation « critique ».
Cette hospitalisation a connu une série de hauts et de bas menant toutefois François à sa fin, même s’il semblait aller un peu mieux. Dimanche de Pâques, il était apparu sur le balcon de la basilique Saint Pierre pour la bénédiction urbi et orbi qu’il avait tenu à prononcer d’une voix très faible.
À 88 ans — il est né le 17 décembre 1936 —, ce pape élu le 13 mars 2013 à la suite de la renonciation surprise de Benoît XVI, s’est donné sans compter de la première heure de son pontificat jusqu’à sa dernière minute. Au point, en février 2025, de repousser encore et encore son départ à l’hôpital pour cette « bronchite » qui ne passait pas. Après son admission le 14 février, à l’hôpital Gemmelli de Rome, une « pneumonie » a été découverte touchant les deux poumons et provoquant des insuffisances respiratoires.
La situation semblait s’améliorer lentement quand une première alerte de crise respiratoire, le vendredi 28 février, s’est confirmée, le lundi 3 mars, par « deux épisodes d’insuffisance respiratoire aigüe causés par une accumulation importante de mucus endobronchique et d’un bronchospasme conséquent », selon le Vatican. Ce qui avait imposé « deux bronchoscopies avec la nécessité d’aspirer d’abondantes sécrétions ».
Selon le Vatican, le pape était resté « éveillé » et «coopérateur« des soins prodigués. Des trois problèmes de santé qui le harcelaient, la question respiratoire et pulmonaire semble avoir eu raison de cet homme plutôt robuste et très volontaire. Cette fragilité avait déjà fortement freiné ce bourreau de travail depuis trois hivers. Elle l’aura finalement emportée après une légère amélioration qui avait conduit les médecins à accepter sa sortie de l’hôpital le 23 mars.
Populaire à l’extérieur de l’Église
Cette insuffisance respiratoire chronique venait de loin. Le lobe supérieur droit de ses poumons lui avait été retiré quand il avait 21 ans. Et sur ce plan, il avait déjà été hospitalisé en urgence totale le 29 mars 2023, à l’hôpital Gemelli, à Rome, pour des « difficultés respiratoires ». Une « bronchite infectieuse » qui n’était « pas liée au Covid-19 » contre lequel il avait été plusieurs fois vacciné, assura le Vatican. Des rumeurs, non démenties, firent état d’un problème cardiaque.
François fut à nouveau indisposé, fin 2023, par cette même bronchite infectieuse qui lui fit renoncer en novembre à un voyage à Dubaï pour la COP 28 mais il ne retrouva qu’une pleine activité qu’en avril 2024. À la reprise cependant de la période hivernale, fin 2024 et début 2025, cette fragilité respiratoire et pulmonaire se sera aggravée une dernière fois jusqu’à lui être fatale. Déjà fortement mobilisée par la prière pendant cette hospitalisation, la communauté catholique mondiale, très éprouvée, a suivi d’heure en heure la maladie puis la mort de ce chef de l’Église catholique également très populaire à l’extérieur de l’Église.
Dans la perspective chrétienne, la mort marque l’entrée dans « la vie éternelle » de la personne. Pour douloureuse que soit cette séparation pour les fidèles, elle est vécue dans cette foi — partagée par toutes les confessions chrétiennes — qui préconise certes un deuil mais « l’espérance » du « paradis » sur laquelle François a beaucoup insisté. Ce qui explique, depuis les débuts du christianisme, la pratique d’une « communion spirituelle » avec les disparus, dont « l’âme » est toujours considérée « vivante » en ascension vers « Dieu ». D’où les multiples démarches de dévotion chrétienne autour du corps du défunt, avant et longtemps après la sépulture.
Il se passe en général une à deux journées avant que la date des funérailles du pape soit annoncée car elle doit être décidée à la suite d’une réunion de cardinaux. Cette messe d’obsèques intervient généralement une petite semaine après le décès pour permettre aux fidèles de venir prier près du corps du pape défunt, exposé dans la basilique Saint-Pierre.
Énergie farouche
Fin 2023, François avait annoncé sa volonté de ne pas être enterré dans la basilique Saint-Pierre mais dans la basilique romaine Sainte-Marie Majeure. Le dernier des sept papes enterrés là s’appelle Clément IX, il y fut inhumé en 1669. Quant au conclave qui élira un successeur, il ne peut pas s’ouvrir avant au moins deux semaines. Tout est prévu dans les moindres détails pour assurer la « vacance » du Siège Apostolique qui voit les principaux responsables dénoués de leur charge dès l’annonce de la mort du pape.
En novembre 2024, François avait par ailleurs édicté de nouvelles normes — très simplifiées — pour les obsèques, supprimant par exemple les trois cercueils emboîtés les uns dans les autres, en cyprès, plomb puis chêne, optant pour un simple cercueil de bois recouvrant un cercueil en zinc, dans lequel il sera exposé à la prière des fidèles dans la basilique Saint-Pierre, proche du sol et non plus surélevé.
Sous surveillance médicale stricte mais d’une santé résistante et d’une énergie farouche, le pape François souffrait de deux autres affections physiques. Des problèmes d’ordre digestif d’une part, nécessitant parfois tel ou tel report d’un rendez-vous, mais dans une proportion normale. Jusqu’à une intervention chirurgicale surprise, plus lourde que prévu, le 4 juillet 2021, pour une « sténose diverticulaire symptomatique du côlon », selon le Vatican, où François demeura dix jours hospitalisé.
Le pape a de nouveau été hospitalisé le 7 juin 2023 à l’intestin pour une « hernie intestinale » nécessitant la pose d’une « prothèse » interne afin d’éviter une « occlusion », selon le Vatican. L’acte s’était parfaitement déroulé, « sans complications » selon son chirurgien. Le Vatican inaugura d’ailleurs, à cette occasion, une nouvelle manière de communiquer exigée par François en donnant périodiquement la parole aux médecins sur son état de santé.
«L’Église ira de l’avant»
Ce qui se reproduisit début 2025 avec modération toutefois, le Saint-Siège contrôlant l’essentiel de l’information. Quant à la sciatique chronique liée à un problème de hanche qui le fatiguait beaucoup, elle avait fini par créer une inflammation du genou à la suite d’une chute et d’une fracture à l’articulation. Ce qui l’avait cloué sur un fauteuil roulant début 2022 dont cet homme à la volonté de fer réussissait toutefois à se passer brièvement et qu’il vivait comme une « humiliation », avait-il confié.
Jamais, cet homme très décidé, n’avait toutefois voulu prendre de vacances. Le seul repos de ce travailleur infatigable, un religieux jésuite de la vieille école qui se levait chaque jour à 4 heures du matin et se couchait à 22 heures, était une courte sieste en début d’après-midi. Son temps se partageait entre la prière, la méditation, la messe, les réunions de travail — il avait la réputation d’avoir l’œil sur tout au Vatican — et les rendez-vous officiels ou officieux. Boudant la lecture des dossiers, il affectionnait par-dessus tout le contact personnel, pour se faire lui-même une idée des choses. Il téléphonait aussi beaucoup directement, au Vatican et en dehors.
Cette personnalité internationale hors norme, tout à la fois admirée et critiquée, respectée et controversée, était incontournable.
Évoquant sa postérité dans sa dernière autobiographie, intitulée « Espère » publié le 15 janvier 2025, François avait assuré : « L’Église ira de l’avant. Dans son histoire, je ne suis qu’un passage. » Ce pape, qui a lancé une réforme radicale de la culture cléricale de l’Église catholique, avait aussi annoncé à plusieurs reprises son désir de démissionner en cas d’incapacité de gouverner. La disparition de ce responsable religieux aux 44 millions d’abonnés sur le réseau X (ex-Twitter), laisse l’Église et le monde en état de choc. Cette personnalité internationale hors norme, tout à la fois admirée et critiquée, respectée et controversée, était incontournable. Il ne laissait personne indifférent.
Moins pyramidale
Ce pasteur dans l’âme a cherché à réveiller l’Église catholique de ses pesanteurs institutionnelles en adoptant un nouveau style pontifical pour attirer ceux qui n’entraient jamais dans les églises. Au détriment, parfois, des fidèles des premiers rangs qu’il n’a jamais ménagés en leur reprochant de ne jamais en faire assez pour les plus pauvres ou pour les migrants. Ou encore de ne pas suffisamment accueillir les divorcés remariés ou les couples homosexuels.
Il a tenté de réformer le gouvernement ecclésial pour une approche plus démocratique, moins pyramidale. Il a aussi tendu la main aux autres religions, vers l’islam en particulier. Il a enfin cherché à peser dans les relations diplomatiques, mais sans succès, pour contrer la guerre et les ventes d’armes et pour soutenir l’écologie.
(Avec Lefigaro)