Le président congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo est arrivé mercredi soir en Chine, à la tête d’une forte délégation, pour sa première visite d’Etat dans ce pays et qui vise à « redynamiser » la coopération sino-congolaise, a rapporté jeudi l’agence congolaise de presse (ACP., officielle). Cette visite, prévue jusqu’au 28 mai, sera aussi l’occasion d’évoquer la révision – l’ACP évoque une ‘actualisation » – du contrat minier conclu en 2008 avec la Chine par le précédent président, Joseph Kabila Kabange, afin de « garantir les intérêts » de la République démocratique du Congo (RDC), selon le gouvernement congolais.

La coopération économique et sécuritaire est au centre de ce déplacement de quatre jours, au cours duquel M. Tshisekedi, accompagné de la « première dame », Denise Nyakeru, rencontrera vendredi son homologue chinois Xi Jinping. Cette rencontre des deux chefs d’Etat et la signature de plusieurs protocoles d’accord bilatéraux seront suivies dans quelques mois par la signature d’un accord-cadre entre les deux pays, la convocation de la grande commission mixte et l’invitation pour une visite d’État en RDC du président chinois avant la fin de l’année 2023, a ajouté l’ACP, reçue à Bruxelles par l’agence Belga.

« L’objectif n’est pas la signature des gros contrats mais plutôt de recadrer les relations entre la RDC et la Chine, pour qu’elles soient désormais basées sur une réelle valeur ajoutée pour leurs peuples respectifs », a expliqué le directeur de la communication de la présidence congolaise, Erik Nyindu.

Tshisekedi a à plusieurs reprises exprimé sa volonté de revoir le contrat minier conclu avec la Chine.

L’ex-président Kabila (2001-2019) avait négocié en 2008 un contrat sous forme de troc – cobalt et cuivre contre la construction d’infrastructures – avec un consortium chinois pour un montant de 9 milliards de dollars, renégocié à 6 milliards sous pression du Fonds monétaire international (FMI).

A ce jour, près de 2,74 milliards ont été décaissés par la partie chinoise, pour l’essentiel sous forme d’investissements.

Mi-février, l’Inspection générale des Finances (IGF) de la RDC a estimé dans une étude qu’il y avait, dans cette convention de collaboration, un « important déséquilibre financier au détriment de la RDC entre les avantages octroyés à la partie chinoise et les engagements à sa charge ainsi que les gains attendus par la partie congolaise ».

Dans ses conclusions, l’IGF avançait un montant de « 76 milliards de gain pour la partie chinoise contre 3 milliards d’infrastructures pour la RDC ».

D’où l’annonce par le président Tshisekedi d’une « ‘impérieuse nécessité d’une revisitation des contrats de cette convention dans le sens d’un rééquilibrage des avantages visant à garantir les intérêts de la République démocratique du Congo dans l’exploitation de la Sicomines », la société sino-congolaise créée pour l’occasion ».

En 2021, le président avait déjà fait part de son intention de renégocier ces contrats « sino-congolais ». Une révision promise au nom des Congolais qui, déplorait-il, « croupissent toujours dans la misère ».

Le sous-sol de la RDC regorge de minerais, le pays étant notamment le premier producteur mondial de cobalt et le premier producteur africain de cuivre.

La visite de M. Tshisekedi en Chine intervient alors que la RDC a réceptionné un premier lot de trois drones d’attaque commandés en Chine en début de cette année et qui doivent aider à combattre la rébellion du M23 (Mouvement du 23 Mars) dans l’est du pays,

La livraison de ce système de drones de combat CH-4 à la RDC a été assurée par la société China Aerospace Science and Technology Corporation (CASC). Kinshasa a commandé trois systèmes de drones, soit un total de neuf appareils.

Ils opéreront au départ de l’aéroport militaire de Kavumu, à une trentaine de kilomètres au nord de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu (est).

(AFP)

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