La famille de l’opposant congolais Chérubin Okende a annoncé le 8 novembre par la voix d’un avocat belge avoir saisi un juge d’instruction à Bruxelles. Toujours sans nouvelle depuis son assassinat à Kinshasa le 13 juillet 2023, la famille dénonce l’inertie et le « silence total » de la justice en République démocratique du Congo.

Le corps de Chérubin Okende, un proche de l’opposant et candidat à la présidentielle Moïse Katumbi a été retrouvé criblé de balles le 13 juillet 2023 dans sa voiture. Les circonstances de sa mort ne sont toujours pas élucidées. À l’époque, Moïse Katumbi avait parlé dans un tweet de « crime d’État » sur lequel toute la lumière devait être faite.

Selon Maître Alexis Deswaef, les enquêteurs doivent inclure parmi les suspects potentiels de ce crime Christian Ndaywel, un haut responsable de l’armée congolaise qui est « de nationalité belge ». Un critère de nationalité qui rend la justice belge compétente pour ouvrir une enquête.
« C’est un élément capital qui permet à la justice belge de mener cette instruction », a déclaré l’avocat lors d’une conférence de presse à Bruxelles.

« Le but est que la vérité soit connue et les auteurs du crime jugés », a-t-il martelé.

Maître Deswaef a indiqué avoir déposé plainte avec constitution de partie civile devant le tribunal de Bruxelles, ce qui entraîne la saisine automatique d’un juge d’instruction.

Sollicité par l’AFP, le tribunal a refusé de commenter en raison du « secret de l’instruction », tandis que le parquet de Bruxelles n’était pas en mesure de s’exprimer immédiatement sur ce dossier.

En RDC, la dernière communication officielle sur l’enquête remonte au 19 juillet, soit six jours après la découverte dans sa voiture, le 13 au matin, du corps criblé de balles de Chérubin Okende, un proche de l’opposant et candidat à la présidentielle Moïse Katumbi.

Le procureur général près la Cour de cassation avait alors indiqué que plusieurs personnes étaient entendues dans l’enquête, à laquelle participaient divers experts, congolais mais aussi étrangers, en « police scientifique, cybercriminalité, télécommunication cellulaire, médecine légale… ».

Depuis, aucune information n’a été donnée, sur les résultats d’autopsie notamment, et un journaliste congolais, Stanis Bujakera, est en prison pour un article ayant mis en cause les renseignements militaires.

Or Christian Ndaywel, général dans l’armée congolaise depuis 2018, est l’actuel chef des renseignements militaires, poste auquel il a été nommé en octobre 2022, a souligné Alexis Deswaef. Le général Ndaywel n’avait pas pu être joint dans la soirée du 8 novembre.

De leur côté, les autorités congolaises ne commentent pas la mise en cause du chef des renseignements militaires, le parquet de Kinshasa indiquant seulement qu’il communiquerait « le moment venu » à propos de l’enquête sur le meurtre de Chérubin Okende.

Cette affaire intervient dans un contexte politique tendu, à l’approche de la présidentielle du 20 décembre à laquelle le chef de l’État Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis 2019, est candidat à un second mandat.

(Avec AFP)

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