La presse congolaise a commémoré, lundi 5 mai, au Fleuve Congo Hôtel à Kinshasa, la 32ᵉ Journée internationale de la liberté de la presse, sous le thème : « Le journaliste congolais face au défi de l’intelligence artificielle : information et désinformation en temps de guerre d’agression rwandaise ».
Dans son discours, le président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) a tenu à saluer l’implication personnelle du président Félix Tshisekedi en faveur de la liberté de la presse en RDC.
Pour Christian Bosembe, aucun journaliste n’a été arrêté ni torturé en raison de ses opinions sous le mandat de Félix Tshisekedi.
« Monsieur le Président, vous n’êtes pas seul dans cette lutte contre l’insalubrité médiatique. Monsieur le Président, vous avez beaucoup fait pour la liberté d’expression dans ce pays. Sous votre mandat, aucun journaliste n’a été tué, torturé ou arrêté à cause de ses opinions. Aucune chaîne n’a été fermée ni saccagée sur ordre des services, comme ce fut le cas par le passé. Nous vous remercions et vous encourageons sincèrement », a-t-il déclaré devant le chef de l’État.
Par ailleurs, le président du CSAC a invité les professionnels des médias à faire preuve de plus de responsabilité dans l’exercice de leur métier, afin de protéger la vérité.
« L’intelligence artificielle est une arme de guerre numérique. L’histoire nous enseigne que, dans les moments de crise, l’information devient aussi cruciale que les armes. Pendant les guerres, les puissances ont toujours cherché à manipuler les masses à travers les récits. Mais aujourd’hui, la guerre de l’information n’est plus menée avec des tracts ou des affiches ; elle se déroule désormais sur les réseaux sociaux, à travers des vidéos et des textes générés par l’intelligence artificielle », a déclaré Christian Bosembe.
Un discours jugé mensonger par les professionnels des médias
Le discours prononcé par Christian Bosembe, président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), devant le président Félix Tshisekedi, a suscité une vague d’indignation dans le milieu journalistique congolais. En affirmant que « sous votre mandat, aucun journaliste n’a été tué, torturé ou arrêté à cause de ses opinions », Bosembe a déclenché une levée de boucliers parmi les professionnels des médias, qui dénoncent une falsification flagrante de la réalité.
Pour de nombreux journalistes, les propos de Bosembe relèvent d’une démarche de flatterie politique au mépris de la vérité.
« C’est un mensonge éhonté », s’insurge un journaliste congolais.
Et d’ajouter : « Nous avons vu nos confrères arrêtés, convoqués à l’ANR, certains battus ou détenus pour des motifs clairement liés à leur travail. Comment peut-on nier cela publiquement ? »
Des ONG de défense des droits de la presse, telles que Journaliste en danger (JED), ont régulièrement documenté des cas d’arrestations arbitraires de journalistes, de suspensions de médias, voire de violences physiques, durant le mandat de Félix Tshisekedi.
Dans son rapport de 2023, l’ONG Journaliste en danger (JED) avait recensé près de 160 cas d’arrestations de journalistes et plus de 130 professionnels des médias victimes de menaces ou de violences physiques durant le premier mandat de Félix Tshisekedi. Elle avait évoqué des médias attaqués, réduits au silence ou des émissions interdites, soit 123 cas enregistrés pendant cette période.
Dans ce rapport 2023 de JED intitulé « Bilan de la liberté de la presse sous le premier mandat du président Félix Tshisekedi », JED a fait savoir qu’il y a eu 85 cas de violations de la liberté de la presse en 2019, 116 en 2020, 110 en 2021 et 124 en 2022.
El. B.