Deux ans jour pour jour après l’instauration de l’état de siège dans deux provinces de l’est de la RDC en proie aux violences de groupes armés, Amnesty International a appelé samedi à la levée de cette mesure que l’organisation juge inefficace et attentatoire aux droits humains. L’état de siège dans le Nord-Kivu et l’Ituri, annoncé le 1er mai 2021 par le président de RDC Félix Tshisekedi et entré en vigueur le 6, a été considéré par les autorités comme « nécessaire pour contenir rapidement » ces groupes armés et « rétablir la sécurité », rappelle dans un communiqué l’organisation de défense des droits de l’Homme.

La mesure s’est notamment traduite par le remplacement de l’administration civile par des officiers de l’armée et de la police, la suspension des assemblées provinciales élues et le jugement de civils par des tribunaux militaires, ajoute Amnesty.

Or, selon l’ONG, non seulement « la situation en matière de sécurité dans les deux provinces s’est considérablement détériorée », avec « une recrudescence des attaques contre les civils », mais l’instauration de l’état de siège a « aggravé la situation des droits humains ».

« L’état de siège est illégal » et le président Tshisekedi « doit lever cette mesure répressive sans délai », demande dans le communiqué Tigere Chagutah, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe.

L’organisation relève en outre que selon les informations du Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l’Homme, l’armée est « responsable de nombreuses violations graves des droits humains ».

« Toutes les personnes détenues arbitrairement » dans les deux provinces concernées, y compris celles arrêtées « simplement pour avoir critiqué l’état de siège et les autorités militaires, doivent immédiatement être libérées », demande Amnesty.

Par ailleurs, le Dr congolais Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018 pour son action en faveur des femmes victimes de viols, utilisés comme armes de guerre, prône lui aussi « la sortie de l’état de siège et le retour à la gestion publique par les services de l’administration civile ».

Cette mesure d’exception a « paradoxalement contribué à augmenter l’insécurité » et entraîne « un rétrécissement de l’espace des libertés démocratiques », estime-t-il dans des « réflexions » diffusées à l’occasion des dix ans de la signature en 2013 de « l’accord cadre d’Addis Abeba sur la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région ».

Concernant également cet accord, dont le « mécanisme de suivi » s’est réuni cette semaine à Bujumbura, Denis Mukwege constate que « malgré l’espoir suscité, les promesses sont loin d’être réalisées ».

AFP

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