Les régimes changent, la répression demeure et les scénarios n’évoluent pas. Perquisitions en chaîne à l’abri de tous les regards. 

Ce jeudi 8 juin au matin, les services des renseignements militaires ont perquisitionné le domicile kinois de Moïse Katumbi, la première cible du régime depuis qu’il a annoncé son intention d’être candidat à la présidentielle et que le régime a compris que sa grosse ficelle consistant à utiliser la proposition de loi Tshiani, baptisée « de père et de mère », pour tenter de barrer la route à l’ancien gouverneur, ne passerait pas. 

Non pas que la majorité parlementaire, achetée à coups de centaines de milliers de dollars, puisse se rebiffer, mais bien que la communauté internationale a fait passer le message qu’une telle loi profondément raciste et porteuse de toutes les divisions pourrait la pousser à revoir notamment les financements accordés par la Banque mondiale et le FMI. Des financements dont a bien besoin le pays face aux goûts dispendieux du régime. Exit donc la loi Tshiani et retour aux techniques éculées déjà ressassées par les régimes précédents qui consistent à criminaliser les principaux opposants.

Aujourd’hui, après de longs mois de relations suivies entre Tshisekedi et Kagame, l’argument massue s’appelle le Rwanda. Si vous voulez vous débarrasser d’un ennemi, collez-lui un lien avec Kigali.

Alors que les services sont revenus bredouilles de la perquisition à la concession dite des 7 villas, chez Moïse Katumbi, une autre équipe lourdement armée s’est rendue au domicile de Lubumbashi de Salomon Kalonda, son conseiller spécial, arrêté violemment sur le tarmac de l’aéroport de Ndijili le 30 mai dernier et toujours empêché de voir ses avocats. 

Là, ils ont refusé la présence des avocats, repoussé les membres de la famille qui venaient pour leur ouvrir les portes de la demeure, déserte depuis l’arrestation du principal conseiller de Moïse Katumbi. Maître Alex Ndua, un des avocats de M. Kalonda, a été arrêté parce qu’il se montrait trop insistant pour être simplement présent au moment de la fouille des lieux. A l’intérieur de la maison, dont les portes ont été défoncées et les vitres brisées (alors que des membres de la famille se proposaient de leur donner les clés), les perquisitions ont débuté sous le regard du général Ndaywell, chef du renseignement militaire (ex-Demiap) venu de nuit, dans un vol spécial depuis Kinshasa. Aucun témoin, le quartier est bouclé, le voisinage évacué et les militaires sur place particulièrement agressifs, selon divers témoignages.

Un scénario qui rappelle étonnamment les efforts orchestrés par le précédent régime pour disqualifier Moïse Katumbi. Des efforts qui ont abouti à son impossibilité de se présenter aux élections mais qui n’ont pas permis au régime de se maintenir.

(Avec Libre Afrique)

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