Certes, la guerre dure depuis quelques trois décennies en RDC. Cependant, il faut bien insister sur deux aspects essentiels :
- Qu’aucune guerre n’est seulement armée,
- La guerre comporte plusieurs dimensions, ce que l’on nomme la guerre hybride.
A ce prix, la défense de la patrie, de ce pays la RDC nécessite de continuer à marteler en disant que cette guerre doit devenir un problėme public, ce qui est encore loin de l’etre aujourd’hui.
La “Campagne Bendele ekweya te” constitue un processus de jonction entre des groupes sociaux, notamment le peuple et l’armée (les FARDC) en passant par le mécanisme de la participation. En dépit de ses limites, elle avait vocation de provoquer une réelle prise de conscience sur le danger qui guette la RDC.
Par contre, la Serie” 30 ans ça suffit !” constitue une tentative de définition, de construction, de compréhension de ce drame ; et aussi de légitimation, de justification de I’action congolaise en a dépit de toutes les gesticulations ayant tendance à réduire la RDC au silence par des mécanismes bien rôdés. La concomitance temporelle avec la commémoration de la trentième année de génocide rwandais devient un levier pour placer I’argumentaire sur le Génocide qui se deroule aussi et plus gravement et profondément en RDC. Les américains et les occidentaux ne comprennent que les éléments de langage du Génocide parce qu’ils passent outre la souffrance des congolais. En d’autres termes, cette Série 30 ans ça suffit! s’adresse d’abord aux congolais pour leur assurer l’orientation nécessaire sur les causes, le parcours historique et conjoncturel, les ressorts du narratif et de la rhétorique des ennemis.
Elle vise aussi les “bourreaux” de la RDC en leur informant que les congolais entrent déja dans le processus d’identification de la situation-problématique qu’est la guerre à l’Est de la RDC. On identifie, donc, I’objet, le sujet, I’adjuvant, le commanditaire, etc. Et la communauté intermationale, les américains, les occidentaux doivent faire face à leur propre miroir.
C’est aussi le processus timide, mais louable de la médiatisation de la cause en termes de sa construction et de sa définition. Cependant, cette tentative de mobilisation sur cet aspcct doit devenir un élan manifeste de la ” publicité ” et de la “popularisation” collective.
Pour cette guerre à l’Est de la RDC, la rue doit être au peuple avec l’ encadrement escompté.
Le sang de plus de plus de 10 millions des morts congolais, de plus de 500.000 femmes violées, doit crier fort, peut-être, très, très fort dans l’opinion publique et devenir un effet de miroir pour les américains et les occidentaux.
Achille BUNDJOKO
Professeur Ordinaire à l’Université Pédagogique Nationale (UPN/RDC), chercheur en Sciences de I’Information et de la Communication (SIC).