“J’ai toujours rêvé d’être un artiste, mais je ne savais pas que je devais le faire pour le Seigneur”: K.S Bloom, jeune rappeur ivoirien évangélique, est parvenu en quelques années à faire un tabac en déclamant sa vie pieuse.
A 26 ans, K.S Bloom – de son vrai nom Souleymane Koné – né à Yopougon, quartier populaire d’Abidjan, a été l’un des artistes francophones les plus vus sur Youtube en 2021: ses morceaux ont cumulé plus de 100 millions d’écoutes, dont 57 millions pour le seul titre “Enfant de Dieu”.
En juillet 2022, il monte sur la scène du Casino de Paris, “où certains de ses aînés ivoiriens n’ont jamais mis les pieds”, note un de ses managers, Rodrigue Liabi.
Le point de départ de sa carrière est un lundi d’octobre 2017, “le jour le plus marquant de mon existence”, confie-t-il, “parce que c’est ce jour-là que j’ai vraiment donné ma vie à Jésus”.
Alors rappeur “trash” et “dans le clash”, pris dans “beaucoup de vices” comme “les sorties” ou “la cigarette”, il raconte avoir “tout arrêté d’un coup” quand son oncle lui a présenté la religion comme une “solution”. “Même la forme de ma tête a changé”, rit-il.
K.S Bloom, jeune homme calme et souriant, veut “évangéliser” son public, mélangeant rap et coupé-décalé, français et nouchi (argot ivoirien), dévouement strict pour la religion et humour.
Dans son premier album sorti en 2021, “Allumez la lumière”, il prévient: “En enfer, y a pas alloco” (bananes plantain frites, plat typique ivoirien), alors le “paradis est mieux”.
Les raisons de son succès ? “Nous on dit que c’est la grâce de Dieu”, affirme Rodrigue Liabi.
Il y surtout le flair du rappeur pour des assemblages de rythmes et de mélodies qui fonctionnent, couplé à un travail minutieux sur la post-production de ses morceaux.
La Côte d’Ivoire et la France regroupent le plus grand nombre de ses fans, mais sa musique plaît aussi dans des pays à majorité chrétienne.
Très écouté en République démocratique du Congo qui compte 85% de chrétiens, soit plus de 81 millions de personnes, dont 15 millions d’évangéliques, il l’est également au Gabon et au Cameroun, qui en abritent chacun plus de 60%.
“Je ne suis pas le premier rappeur gospel”, l’autre nom du rap chrétien, reconnaît-il.
Chrétien et branché
Le genre a existé dans les années 80 aux Etats-Unis, avant qu’un groupe français s’y essaye, sans réussir à le populariser.
Dans l’Afrique francophone des années 2000, un rappeur et fils du premier président burkinabè Maurice Yaméogo, Mc Claver, en a aussi composé, sans plus de succès.
La célébrité, K.S Bloom la “gère molo molo”, tranquillement. “Les parents ne te voient plus trop, t’as plus trop le temps pour tes potes” confie-t-il, mais il préfère sa vie religieuse d’aujourd’hui.
Même s’il se dit dévoué à la religion, l’artiste se moque de l’attitude jugée trop stricte de certains chrétiens. Il juge que les dreadlocks et les tatouages qu’il porte, comme d’autres jeunes, ne nuisent pas à sa croyance, et cette ouverture d’esprit plaît à son public.
“Tu peux être chrétien et être frais” (branché), estimait Romaric Lozo Kouakou, 23 ans, après le concert de K.S Bloom au Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua) à Abidjan, fin avril.
Entouré d’une dizaine de personnes, K.S Bloom suit les conseils d’une “responsable spirituelle” qui s’occupe aussi des temps de prières de l’équipe.
Être évangélique n’est pas une condition pour travailler avec lui, “mais si tu es chrétien on parlera le même langage”, explique Rodrigue Liabi. L’avenir de K.S Bloom, c’est “la peine pastorale”, dit-il en riant.
“C’est très probable que je finisse pasteur un jour, même si je ne le veux pas”, car “on ne s’appartient plus étant chrétien, on appartient à un maître et c’est lui qui décide.”
Pour le moment, il se concentre sur des “actions caritatives”, la sortie de son deuxième album en juin, “Disciple dans la ville”, et une tournée internationale.
“Je sensibilise les autorités compétentes et les représentants des différentes structures non gouvernementale qui auront la possibilité de rencontrés ces partenaires, de parler surtout de l’intérêt du Kasaï en générale et celui de la ville de Tshikapa en particulier , il faut qu’ils plaident pour la mise en oeuvre de quelques points liés aux infrastructures afin que ces partenaires de système de nations unies terminent les projets encours dans le Kasaï” a-t-il ajouté.
Il faut noter que cette délégation des ambassadeurs américains et européens pourra circuler en visite de différents projets qu’ils ont pu réaliser dans la province et songer aux nouveaux projets des nations unies.
(AFP)