Malgré l’aggravation du conflit dans l’est du pays et une situation socio-économique précaire, ce nouveau sondage montre l’optimisme relatif des Congolais. Près de 50 % des Congolais sondés se disent satisfaits de la direction que prend le pays depuis le début du second mandat du président Félix Tshisekedi, un chiffre comparable à celui de 2019. C’est l’un des principaux enseignements du sondage téléphonique au niveau national avec un échantillon de 1 788 répondants réalisé en avril 2024 par le Bureau d’études, de recherche et de consulting international (Berci), avec Ebuteli et le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) de l’Université de New York.
Ce sondage, intitulé Tshisekedi II : des Congolais plutôt optimistes ? Entre espoir et impatience, révèle également que 46 % des Congolais sondés approuvent la gestion de la crise du Mouvement du 23 mars (M23) par le gouvernement malgré l’expansion de la rébellion, qui contrôle plusieurs agglomérations importantes comme Rutshuru centre et Kitshanga depuis plusieurs mois.
Paradoxalement, alors que la situation humanitaire s’est dégradée avec 7,1 millions des déplacés en interne, les personnes interrogées semblent avoir une perception moins pessimiste de la situation. La plupart des initiatives gouvernementales, même les plus controversées telles que la fourniture d’armes aux groupes armés dits Wazalendo (« patriotes », en swahili) et le retour de la peine de mort, sont largement soutenues.
Par ailleurs, une majorité de sondés est hostile à toute négociation avec le M23 : 63 % s’y opposent, bien que cette opposition ait diminué depuis notre précédent sondage réalisé en janvier 2023.
Ce sondage laisse entrevoir aussi une perception plus positive de la force de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SAMIDRC) que ne fut celle de la Communauté d’Afrique de l’Est (EACRF) : 46 % des sondés estiment que la SAMIDRC conduira à l’éradication des groupes armés. Un score bien supérieur à celui qu’avait obtenu la force de l’EACRF précédemment (25 %).
« Notre sondage montre un paradoxe : alors que la crise du M23 semble sans cesse s’aggraver, de nombreux Congolais soutiennent sans réserve la politique suivie par le gouvernement. Le pouvoir politique semble bénéficier d’une forme d’union sacrée de l’opinion publique face au conflit », note Pierre Boisselet, directeur du pilier violence à Ebuteli.
Sur le plan économique, 63 % des répondants s’attendent à une amélioration de leurs conditions de vie durant ce second mandat du président Tshisekedi. Bien que des défis persistent, à l’instar de retards de paiement des fonctionnaires et de pénuries de carburant, la croissance économique a été maintenue à 7,8 %, et le budget national a triplé, dépassant pour la première fois la barre des 10 milliards de dollars américains. Parmi les urgences du second quinquennat figurent en première position la lutte contre la corruption, la création d’emplois et la lutte contre l’insécurité.
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