Le Prix Nobel de la paix Denis Mukwege fustige le protocole d’accord signé le 19 février entre l’Union Européenne (UE) et le Rwanda pour favoriser le développement de chaînes de valeur « durables » et « résilientes » pour les matières premières.
Sur son compte X, le candidat malheureux aux élections de 2023, Denis Mukwege estime qu’avec ce partenariat, l’exécutif européen atteint non seulement le paroxysme du cynisme en matière de géostratégie, mais s’illustre à nouveau dans une politique de double standard qui mine la crédibilité des institutions internationales.
“Le conflit qui perdure à l’Est de la RDC depuis presque 30 ans, qui est le plus meurtrier depuis la 2e guerre mondiale, est principalement économique, et le lien entre l’exploitation et le commerce illégal des minerais est reconnu comme une cause profonde de la violence et de graves violations des droits humains, et l’implication du Rwanda dans la déstabilisation de la RDC, le pillage de ses ressources naturelles et minières et la commission des crimes les plus graves, notamment le recours aux violences sexuelles comme méthode de guerre et comme stratégie de terreur, est largement documenté, notamment par les Nations Unies”, déclare-t-il.
Par ailleurs, le Dr Denis Mukwege pense que la politique de la Commission européenne et le renforcement de ce partenariat stratégique avec le régime dictatorial de Kigali apparait en totale contradiction avec le principe de cohérence et les valeurs fondamentales de l’UE, notamment la promotion de la paix et des droits humains, qui devraient être, conformément aux Traités européens, des objectifs fondamentaux dans ses relations extérieures.
“C’est dans ce contexte que nous réitérons notre appel lancé à Strasbourg en 2014 à l’occasion de la remise du Prix Sakharov du Parlement européen pour la liberté de pensée de « veiller à assurer davantage de cohérence entre les politiques économiques et le respect des droits de l’homme, et à placer la dignité humaine au centre des préoccupations économiques et financières », et exhortons les institutions et les pays européens à rendre effectif et contraignant le règlement de l’UE sur le devoir de diligence pour les chaines d’approvisionnement des minerais, entré en vigueur en 2021 et pourtant largement détourné par des filières opaques d’approvisionnement transfrontalier entre la RDC et le Rwanda”, écrit-il.
Pour rappel, dans un communiqué signé mercedi 21 Février par le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, le gouvernement congolais a estimé que la signature d’un tel accord avec le Rwanda dont le sous-sol ne regorge pas de ces minerais, est une façon pour l’UE d’encourager la poursuite du pillage des richesses congolaises par le Rwanda.
La rédaction