De DALL-E à Midjourney en passant par Stable Diffusion, les outils capables de générer des clichés réalistes se multiplient, quitte à tromper les internautes.
L’image du pape déambulant dans une doudoune blanche dernier cri n’aura échappé à personne. Largement diffusé sur les réseaux sociaux le week-end dernier, ce visuel surprenant a interpellé les internautes.
En réalité, il s’agit d’une image créée de toutes pièces par le logiciel Midjourney. Cette intelligence artificielle peut générer n’importe quel type de visuel à partir d’une requête écrite par l’internaute. Il suffit à l’utilisateur de quelques mots-clefs et voilà Donald Trump soudainement affublé d’un casque de chantier ou bien Emmanuel Macron au beau milieu d’une manifestation.
Outre Midjourney, les plateformes DALL-E et Stable Diffusion sont également capables de générer des images. Ces fausses photos, dont le niveau de réalisme grimpe en flèche au fil des mois, ont tendance à tromper les internautes.
Midjourney a ainsi décidé de bannir le mot «arrested» (arrêté en français) de son logiciel. À l’origine de ce choix, une série de photos illustrant l’arrestation fictive de Donald Trump qui a été générée par un journaliste britannique. Ce dernier a relayé la cinquantaine d’images créées par Midjourney dans un fil Twitter, entraînant la confusion parmi les internautes.
L’ancien président des États-Unis s’est déjà saisi de ces outils. Il a diffusé ces derniers jours sur son réseau social Truth Social une fausse photo de lui en train de prier.
Observer les mains et les textures
Il existe des astuces pour repérer ces images générées par une intelligence artificielle. Il est nécessaire de bien en observer le contenu.
«Souvent, il y a des détails mal faits, comme les mains par exemple ou le grain de la photo, qui lui donne une texture plate», explique au Figaro Tina Nikoukhah, docteur en traitement d’images à l’École normale supérieur de Paris-Saclay. Ces logiciels génèrent des asymétries : les visages peuvent être disproportionnés, les cheveux difficilement imités. La couleur des yeux est souvent erronée. Par exemple, sur les photos d’Emmanuel Macron en manifestation, celui-ci a les yeux marron ou noir et non bleu comme dans la réalité.
Une autre photo diffusée en février, d’un pompier grec portant un enfant turc, avait rapidement été considérée comme fausse : le pompier qui tenait l’enfant comptait six doigts. « Sur certaines photos, on peut voir des incohérences au niveau des ombres aussi», précise la chercheuse.
C’est le cas du faux cliché de Donald Trump en train de prier, dont les textures sont extrêmement sombres. En outre, le journal Forbes explique qu’il manque l’annulaire à la main droite de Donald Trump et ses pouces ne sont pas greffés naturellement. Ainsi, zoomer sur les mains, compter les doigts et observer les textures de la photo paraît être une première solution. « Toutefois, ces erreurs seront rapidement corrigées, si elles ne le sont pas déjà», s’alarme la chercheuse.
Dans un fil Twitter, l’AFP a également expliqué comment faire une recherche inversée sur Google pour retrouver l’origine d’un cliché. Une telle recherche peut permettre de découvrir si un internaute a généré, à partir d’un des logiciels en vogue, une image qui circule sur les réseaux sociaux.
L’agence rappelle par ailleurs que le logiciel DALL-E génère une légère barre multicolore sur le coin droit des photos qu’il crée. Une autre astuce simple pour pouvoir les détecter.
« La falsification d’images ne date pas d’hier, c’est juste devenue plus facile», insiste Tina Nikoukhah. « Il faut garder le réflexe de regarder la qualité du cliché, les détails et sa cohérence». Pour la chercheuse, la solution idéale serait de généraliser à tous les logiciels l’obligation d’apposer un filigrane sur leurs images, de façon à prévenir les internautes qu’elles sont générées par des intelligences artificielles.
Avec Le figaro