La polėmique “privatise”, ruine I’orientation à prendre, met en péril la signification commune de la guerre par un effort, une débauche d’énergies visant à obtenir un succès rhétorique, une adhésion partisane loin de la longue marche pour la défense de la patrie et la vigilance nécessaire. De surcroit, elle avance par le dédouanement des uns et la culpabilisation des autres. Au journal Le Monde, le Président de la RDC Félix-Antoine utilise les termes de “guerre interne” et de ” guerre externe”. Pour autant la guerre armée est le prolongement de la politique, la politique par cette “polémique” demeure une guerre interne avec une violence symbolique et rhétorique qui fait davantage des très graves ravages à la nation qui lutte contre des agressions multiples et polymorphes. Et l’opinion publique congolaise peut se sentir perdue à la suite d’un manque de fixation sur les repères. Une symbolique peu élogieuse et dangereuse : EZA CHIDA (C’est un business), EZA COOP NA BANGO (C’est leur affaire), BA YEBANI (IIs se connaissent ct savent ce qu’ils font). Avec cette guerre des tranchées par la “polėmique” interposée convoyant un message qui circule toujours et déjà dans I’opinion congolaise, la population risque de se réfugier dans leur cognition sociale.
Le Président de la RDC, Felix-Antoine Tshisckedi lance les hostilités lors du Briefing de presse organisée par le ministre Patrick Muyaya. Certes, il annonce une bonne nouvelle sur la révision du contrat chinois. Mais, il livre une information importante. Il révèle que l’argent détourné sert aujourd’hui à financer la guerre à l’Est de la RDC. Et les services attitrés de l’État sont sur le dossier. Le député national Eliezer Tambwe rallonge, dans son emission Masolo na Député, ces propos. II le fait aussi chez Bosolo na Politik TV. Lors du rassemblement public au siège de I’UDPS, le secrétaire général Augustin Kabuya charge davantage Kabila. Les communicateurs de I’UDPS, déjà très visibles et engagés dans les réseaux sociaux, relayent la rhétorique de leur secrétaire général.
En riposte, une croisade médiatique se met en branle par le camp Kabila. Dans Top 7, Ferdinand Kambere, secrétaire général adjoint du PPRD, culpabilise I’actuel pouvoir en trois temps: 1. le RCD Goma avec Etienne Tshisckedi, d’heureuse mémoire, ayant acquis le statut particulier dans I’imaginaire collectif congolais, 2. L’UDPS avec le M23, 3. Le pouvoir actuel avec Comeille Nangaa de l’AFC. D’autres lieutenants du PPRD investissent les médias de tout bord pour apporter leur pierre à cette machine. Le cardinal Fridolin Ambongo met I’huile au feu pour attiser la stigmatisation, la culpabilisation lors du prêche pascal. Et Olive Lembe Kabila rejoint la polémique à partir de Goma dans une activité bien noble, celle d’apporter secours aux déplacés de Guerre. Jean Claude Katende demande une interpellation de Kabuya Augustin et Tambwe Eliezer par les instances judiciaires.
La polémique n’est pas un débat, encore moins une discussion pour arriver à un consensus, à une orientation pour une définition commune de la situation problématique qu’est la guerre à l’Est de la RDC. Celle-ci a besoin de la mobilisation collective. La cause à défendre ne convoque pas la “polémique”. Un ralliement de tous les acteurs du corps social congolais, à savoir les gouvernants, l’élite, l’opinion publique et la foule, devient un impératif vital devant toutes les velléités de balkanisation, de guerre économique, guerre territoriale pour l’espace vital. II faut des cerveaux, des bras, des yeux, des oreilles, des picds. L’ “Indépendance Cha Cha” de Kallé Jeef temoigne de ce ralliement å la cause commune. La RDC est à la croisée des chemins. Soit elle implose et coule. Soit elle résiste et continue son chemin dans sa configuration géographique heritée de la colonisation. Depuis plus de trois décennies, les menaces apparaissent et tout semble se liguer contre la RDC par l’imposition d’un agenda politique et militaire, donc une guerre de sens.
Achille BUNDJOKO
Professeur Ordinaire à l’Université Pédagogique Nationale (UPN/RDC), chercheur en Sciences de I’Information et de la Communication (SIC).