Les drapeaux étaient en berne sur l’ensemble du territoire national en RDC, le 2 août 2024, journée dédiée à l’hommage aux victimes des guerres à des fins économiques. 16 membres du gouvernement dont la Première ministre Tuluka étaient présents pour la cérémonie officielle organisée à Kisangani. Une cérémonie a aussi eu lieu à Goma, au Nord-Kivu, confronté aux combats entre le M23 et l’armée congolaise et ses alliés.
Devant la fosse commune numéro 1 du cimetière de la guerre de 6 jours où s’est déroulé la première partie des commémorations officielles à Kisangani, la Première ministre Judith Tuluka soutient Mimi Otshudi en sanglot, rapporte notre correspondant à Kisangani, Joseph Kahongo. Elle fait enfin le deuil de membres de sa famille. « Pour moi, c’est en ce 2 aout que mes parents sont véritablement enterrés et c’est aujourd’hui pour moi le véritable deuil, après 24 ans ce n’est pas facile. »
À la mairie de Kisangani où s’est déroulée le reste de la cérémonie d’hommage des victimes des guerres en RDC, la cheffe du gouvernement, dans son discours, a appelé la communauté internationale à soutenir l’instauration du tribunal pénale internationale pour la RDC. « Dans le souci de voir ces crimes internationaux réprimés, le gouvernement poursuit le plaidoyer visant la création d’un tribunal pénale internationale pour la République Démocratique du Congo, l’exécutif congolais appelle les partenaires internationaux à soutenir cette initiative. » La cheffe du gouvernement a aussi instruit au Parlement et a son gouvernement de mettre en place des mécanismes empêchant les auteurs de crimes d’accéder au poste décision en RDC.
Dans la soirée, une partie de la société civile, à l’origine de la commémoration du Genocost, il y a deux ans, s’est aussi recueilli à la place rond-point du Canon. Une cinquantaine de personnes ont entouré le drapeau de la RDC avec des bougies allumées, et n’ont pas hésité à critiquer très fortement les autorités accusées d’avoir récupéré leur initiative depuis l’année passée. Christian Nkambi un des participants. « Ce que nous reprochons aux organisateurs de Genocost, entre autre Fonarev [le Fonds national des réparations des victimes de violences sexuelles liées aux conflits, des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité est l’organisateur officiel], c’est purement politique. Mais ce que nous avons organisé ici au rond-point du Canon, c’est purement civil. L’initiative vient totalement de la société civile, la politique ne doit que nous accompagner. »
ne cérémonie d’hommage aux victimes des guerres à Goma
À Goma, au Nord-Kivu, une centaine des personnes se sont réunis pour rendre hommage aux victimes des guerres qui secoue le pays depuis 30 ans, indique notre correspondant à Goma, Héritier Baraka. À cette occasion, sept civils tués par des obus attribués aux rebelles du M23 en juillet ont été inhumés au nord de la ville, près de la frontière rwandaise. Un long cortège d’ambulances portant des cercueils s’est dirigé vers le cimetière de Kibati à une dizaine de kilomètres de Goma.
Pour Destin Balume, membre de la société civile, justice doit être faite. Il dénonce l’hypocrisie de la communauté internationale. « Nous nous sommes mobilisés tous dans la rue pour commémorer cette journée en disant à la communauté internationale : “Non à tout ce qui s’est fait dans l’est de la RDC et cela ne doit pas rester impuni”. »
Après l’inhumation, les autorités et la population ont défilé au centre-ville. Représentant l’État congolais, le Ministre des Mines, Kizito Kapinga Mulume a réaffirmé la détermination des autorités de protéger la population. « Le sang des Congolais a assez coulé. Les survivants, vous n’êtes pas seuls. Nous sommes déterminés à rétablir la paix sur l’ensemble du territoire et à assurer l’intégrité sur l’ensemble du territoire national. »
D’autres cérémonies de recueillement ont également eu lieu à l’intérieur de la province, notamment dans les territoires de Lubero et de Béni où en juillet plus d’une soixantaine de civils ont été tués par les rebelles des ADF-Nalu, alliés à l’Etat Islamique.
Depuis 1993, plus de 10 millions de personnes sont mortes en RDC à cause des guerres à répétition, selon le gouvernement.
(Avec RFI)