L’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) congolaise, Corneille Nangaa Yobeluo, a quitté la RDC pour s’exiler au Ghana; se disant « menacé » par le régime du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. M. Nangaa est aussi dans le viseur du pouvoir popur avoir évoqué la présence de FDLR à Kinshasa et Lubumbashi.
Ce proche de l’ancien président Joseph Kabila Kabange avait dirigé la Céni lors de l’élection présidentielle contestée de fin 2018, à l’issue de laquelle M. Tshisekedi a été déclaré vainqueur. Il avait affiché sa volonté de se présenter à la prochaine présidentielle, prévue le 20 décembre.
Celui qui s’est reconverti en homme politique et a rallié l’opposition contre M. Tshisekedi, explique avoir choisi l’exil par précaution, car il se sent « menacé » par le régime en place – qu’il n’a cessé de critiquer après avoir été un des principaux « outils » de la kabilie pour l’installer au pouvoir et priver le vrai vainqueur du scrutin, Martin Fayulu et la plateforme Lamuka de sa victoire.
« Lorsqu’on se sent menacé, seule l’absence de la menace permet de retourner au pays », a déclaré le président du parti Action pour la dignité du Congo et de son peuple (ADCP).
Réfugié au Ghana, il a affirmé qu’il envisagerait un retour seulement lorsque la situation politique s’améliorerait.
Lors d’une tribune publiée dans la presse le week-end dernier, M. Nangaa a notamment affirmé que des ex-membres des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), un mouvement hutu constitué par certains auteurs du génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda étaient recrutés au sein de la Garde républicaine (GR une unité d’élite de l’armée congolaise).
« Il y a quelques jours à peine, des caciques du pouvoir ont commencé à évoquer la possibilité de me traduire en justice pour mes positions en rapport avec la détérioration de la situation sécuritaire du pays? En quoi le fait de pointer la présence d’infiltrés dans la garde présidentielle est-il un crime? », s’est-il interrogé.
Lors d’un point de presse mercredi à Kinshasa, le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya , avait affirmé que les propos de M. Nangaa étaient « d’une extrême gravité », soulignant qu’ « il peut même être appelé à répondre devant la justice » de ces déclarations.
Les propos de Corneille Nangaa sur la présence de deux bataillons de FDLR à Kinshasa et Lubumbashi ne font en fait que reprendre des informations qui circulent depuis plusieurs semaines en RDC, dans les postes diplomatiques et différents services étrangers. Selon plusieurs sources, à la veille de ce week-end, les membres du bataillon établi depuis plusieurs semaines à Lubumbashi ont été rappelés en urgence à Goma.
(Avec Belga)