Pourtant annoncé avec pompe et devant témoins qu’ils abandonnaient le groupement de Kibumba en territoire de Nyiragongo dans la province du Nord-Kivu, en signe de marquer le début de l’application du processus de Nairobi et de Luanda, les terroristes n’ont pas bougé d’un seul centimètre. En témoignent les quelques habitants téméraires de Kibumba qui ont tenté de regagner leurs domiciles.
En effet, des déplacés qui osaient retourner dans leurs villages au groupement Kibumba, dans le territoire de Nyiragongo ont affirmé, le samedi 24 décembre, avoir vu les rebelles du M23.
Cela au lendemain de la cérémonie officielle de la soi-disant cession de cette entité à la force régionale de l’EAC par le M23.
Selon les témoignages recueillis auprès de quelques motards déplacés qui tentaient de retourner à Kibumba, les rebelles du M23 gardent encore leurs positions.
Ces civils affirment avoir été renvoyés par des hommes identifiés comme ces rebelles rencontrés, entre autres, au marché des légumes et vers l’ancien bureau de l’administration du territoire de Nyiragongo.
Cette situation corrobore donc les propos du porte-parole de l’armée qui, samedi dernier, qualifiait la cérémonie de cession de Kibumba à la force de l’EAC d’une “simple publicité du M23 pour distraire les Congolais et la communauté internationale”.
Pour le général Sylvain Ekenge, ces rebelles ont l’intention de vouloir renforcer certaines de leurs positions pour conquérir de nouvelles localités dans le territoire de Masisi.
Ces faits sont aussi confirmés par certains acteurs de la société civile de Sake et de Kitshanga, dans le Masisi. Selon ces derniers, Kitshanga par exemple a passé la journée de Noël dans une psychose généralisée. Cela, à la suite d’une présence renforcée, depuis jeudi dernier, des troupes du M23 dans le groupement de Bishusha et dans les zones de Karenga, Ngangi dans le parc des Virunga.
Ils plaident, par ailleurs, pour le renforcement des effectifs des FARDC dans cette partie du Nord-Kivu.
Politique de la terre brûlée
Comme ils avaient procédé en 2013 à Goma, en pillant les commerces, les véhicules et en détruisant les infrastructures, les terroristes du M23 récidivent avec les mêmes actes dans les agglomérations et villages qu’ils occupent en territoire de Rutshuru. Comme s’ils sentaient que la fin de leur aventure est proche, cette fois-ci, c’est une politique de la terre brûlée qu’ils appliquent, après avoir annoncé, pour la consommation extérieure, qu’ils cédaient la cité de Kibumba entre les mains des éléments de l’EAC. Pas plus tard que le samedi 24 décembre, la veille du jour de la fête de Nativité de Jésus, les rebelles du M23 ont démoli, toute la toiture et arraché les tôles de la prison de haute sécurité de Nyongera en territoire de Rutshuru.
Selon les sources concordantes sur place contactées par Radio Okapi, ils ont également détruit la toiture des édifices destinés à abriter les usines de transformation des produits vivriers et agricoles en produits manufacturés destinés à l’importation.
Les mêmes sources confirment que ces effets de valeur seraient vendus à moindre cout par ces rebelles. Une tôle par exemple peut être vendue à 2000 ou 3 000 francs congolais.
Les habitants de Rutshuru qui assistent impuissamment à ces actes de vandalisme et de destruction méchante, ne savent à quel saint se vouer.
L’on rappelle que la prison de Nyongera avait été construite à l’époque coloniale et compte parmi les prisons de haute sécurité de la RDC.
Le M23 installe son administration parallèle !
Dans la même logique de marquer leur occupation des cités et villages sous leur contrôle, les rebelles du M23 continuent à installer une administration parallèle dans le territoire de Rutshuru. Le mercredi 21 décembre, ils ont procédé à l’installation de certaines autorités administratives de base dans la localité de Rubare, du groupement Kisigari, a rapporté Radio Okapi.
La société civile et plusieurs sources indépendantes affirment qu’en dehors des grandes agglomérations, ces rebelles désignent leurs interfaces dans les villages pour collecter des taxes et autres dû en leur faveur. Ils mettent en place aussi des comités locaux de paix, précise la radio onusienne.
D’après la société civile de Rumangabo, le M23 a installé à Rubare un chef de cité, son adjoint, un secrétaire et un chargé de l’hygiène et assainissement ainsi qu’un chef de cellule de cette entité coutumière.
Parmi ces personnes figurent des enseignants, des pasteurs et d’autres leaders locaux.
Les rebelles ont également réquisitionné un bureau de l’administration locale comme leur nouveau bureau.
Par la même occasion, ils ont annoncé à la population que chaque habitant devra désormais payer 2000 francs congolais (1USD) par mois et 500 francs (0.25 USD) pour les fêtes, rapportent ces sources.
En outre, ajoutent ces sources, dans chaque village occupé, ce mouvement rebelle désigne une personne qui est chargée de collecter les taxes, la nourriture et tout autre dû, exigé pour le compte du M23.
Dans les grandes agglomérations telles que Kiwanja, le M23 a mis en place des comités locaux de paix et développement.
Ces comités sont considérés comme des tribunaux locaux et sont chargés de résoudre les conflits à caractère social tandis que ceux liés à la sécurité sont traités au niveau de leur bureau des renseignements, ont rapporté des sources dans le Rutshuru, a rapporté Radio Okapi.
LRP