Cinquante-sept ex-otages des rebelles ADF, en majorité des femmes dont certaines, très jeunes, étaient utilisées comme esclaves sexuelles, ont été rendus samedi à leurs familles, dans l’est de la RDC, après une opération militaire conjointe des armées congolaise et ougandaise, ont constaté des correspondants de l’AFP. Les ADF (Forces démocratiques alliées), présentées par le groupe djihadiste État islamique comme sa branche en Afrique centrale, sont accusées de massacres de civils dans l’est de la République démocratique du Congo et d’attentats en Ouganda.
Depuis un an, l’armée ougandaise combat aux côtés des forces armées de RDC (FARDC) contre ces rebelles, dans le nord de la province du Nord-Kivu, en particulier dans le territoire de Beni, ainsi que dans la province voisine d’Ituri.
Des opérations d’ampleur ont été menées le week-end dernier, qui ont permis à des otages des rebelles de s’échapper, avant d’être réunis avec leurs familles lors d’une cérémonie organisée samedi à Beni.
Parmi les ex-otages, une adolescente de 15 ans explique avoir été enlevée par les ADF le 14 août 2021 à Kikingi, à environ 70 km de Beni. « Nous étions 25. Certains ont été tués, d’autres sont encore là », raconte-t-elle, alors qu’elle vient de retrouver sa famille, partagée entre la joie de récupérer son enfant et l’angoisse au vu de ce qu’elle a vécu.
« J’étais violée, tous les jours, par un homme qu’ils m’ont choisi comme mari », ajoute la jeune fille. « C’était ça ou la mort. »
« Nous étions dans la montagne, vers Semuliki. L’autorité qui est là, il s’appelle Mzee Mulalo. Les rebelles sont ougandais, mais il y a aussi un blanc, et d’autres », poursuit-elle.
Une autre adolescente de 15 ans, kidnappée en juillet dernier à l’hôpital de Lume, à 45 km de Beni, raconte son calvaire. « Ils nous ont ligotés et emmenés. Après trois semaines, ils m’ont donné le commandant comme époux, un Tanzanien du nom de Tsalamana », dit-elle, après avoir elle aussi retrouvé les siens.
D’autres malades ou proches qui se trouvaient à l’hôpital ce jour-là avaient aussi été enlevés, notamment la fille de Jeff Manyama, présent à la cérémonie, ému et reconnaissant. Sa fille a 22 ans. Sa mère avait été tuée dans l’attaque de l’hôpital. « Nous vivions dans le désespoir, la maman tuée, l’enfant emportée… »
Fredy Kuko, un autre père de famille, est lui aussi heureux et remercie « tout le monde », parce qu’il a retrouvé sa fille, kidnappée alors qu’elle était aux champs le 20 juin 2020, quand elle avait 12 ans. « Nous n’avions plus d’espoir de la revoir… »
Avec AFP