Un document de l’ONU assure que l’armée rwandaise a apporté son soutien à la rébellion du M23 en utilisant des missiles, dont au moins un aurait pris pour cible un drone des Nations unies.
L’armée rwandaise, qui soutiendrait la rébellion du M23 dans l’est de la RDC, aurait utilisé des armements sophistiqués tels que des missiles sol-air, selon un document de l’ONU consulté par l’AFP. Un « missile sol-air présumé des Forces de défense rwandaise (RDF) » a visé le 7 février, sans l’atteindre, un drone d’observation des Nations unies, indique ainsi ce rapport.
Ce missile aurait été tiré depuis un véhicule blindé dans une zone contrôlée par le M23, précise encore le document. « Des renseignements externes provenant de France confirment que le véhicule blindé de type WZ551, équipé d’un système de missile sol-air, est rwandais », ajoute-t-il. Deux photographies aériennes sont en outre jointes au rapport.
On peut y voir un véhicule blindé à six roues avec, déployé sur son toit, un système de radar et de lance-missiles. Ces clichés ont été pris à environ 70 kilomètres au nord de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, par le drone qui a été visé par le missile.
« Escalade des forces conventionnelles »
La mission de l’ONU en RDC (Monusco) indique dans le document ne pas connaître « de groupes armés possédant l’entraînement ou les ressources nécessaires pour opérer et maintenir un système de missiles sol-air mobile ». Elle pointe une « escalade des forces conventionnelles engagées dans le conflit dans l’Est de la RDC ».
Toujours selon ce document, « les M23 et l’armée rwandaise » sont également en possession de canons anti-aériens et de systèmes portatifs de défense aérienne de type MANPADS, autant d’équipements qui « constituent une menace à haut risque pour tous les aéronefs du gouvernement de la RDC et de la Monusco dans la région ».
En septembre dernier, dans son dernier entretien accordé à Jeune Afrique, le président rwandais Paul Kagame avait en partie répondu aux accusations selon lesquelles son armée soutiendrait le M23. Il avait déploré que les Nations unies ne retenaient dans leurs différents rapports « que ce qui est à charge contre le Rwanda, comme son supposé soutien au M23, et restent silencieux sur le reste, sur ce qui est à l’origine du problème de la RDC ».
Combats autour de Saké
Fin janvier, dans une vidéo diffusée sur une chaîne YouTube pro-M23, Willy Ngoma, un porte-parole du M23, a menacé la Monusco de représailles et l’a accusée de « fournir des informations » aux « ennemis » des rebelles en renseignant, à l’aide de drones, l’armée congolaise sur leurs activités. Dans cette même vidéo, Willy Ngoma exhibe ce qu’il décrit comme un débris de drone de combat CH-4 appartenant aux FARDC, abattu selon lui par un combattant du M23.
Les combats se sont intensifiés ces derniers jours, notamment vers Saké, cité située à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Goma et considérée comme un « verrou » sur la route de la capitale provinciale. Sur X, le porte-parole de l’armée dans la région, le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, a affirmé le 12 février que « des bataillons et du matériel FARDC » étaient arrivés à Goma « pour la sécurité de la population et la reconquête du terrain ».
La force des Nations unies, présente dans le pays depuis près de 25 ans, est accusée d’inefficacité dans la lutte contre les groupes armés, y compris par le gouvernement qui a demandé son départ « accéléré ». Depuis la semaine dernière, des manifestations ont eu lieu contre la Monusco et des ambassades, à Kinshasa et Lubumbashi (sud-est), accusées d’un supposé soutien au Rwanda.
Le gouvernement a renforcé les mesures de sécurité devant les ambassades et installations de l’ONU, après une « réunion urgente de sécurité » organisée le 11 février autour du ministre de l’Intérieur. Ce 12 février au matin, des journalistes de l’AFP ont constaté sur plusieurs sites ce renforcement du dispositif policier, tandis que de nouvelles marches réunissaient des dizaines de jeunes, qui ont brûlé des pneus sur la chaussée.
(Avec AFP)