En janvier 2019, un expert électoral signait une carte blanche sur notre site. Dans ce texte, intitulé « Silence, on triche ! », l’auteur évoquait « la plus importante fraude de l’histoire électorale du continent africain » en parlant des accords qui venaient de porter au pouvoir Félix Tshisekedi en République démocratique du Congo.
Ce titre pourrait de nouveau être de rigueur aujourd’hui dans le même pays au regard de ce qui se passe entre les autorités congolaises et la mission d’observation de l’Union européenne déployée en RDC à l’invitation pourtant du ministre congolais des Affaires étrangères Christophe Lutundula.
En effet, la mission d’observation de l’Union européenne déployée en RDCongo depuis deux semaines est déjà sur le point de se retirer.
Après avoir essuyé un refus des autorités congolaises de disposer des appareils téléphoniques satellitaires indispensables à la réussite de leur mission, les 42 observateurs européens ont en effet décidé de se retirer du processus électorale congolais.
Une mission d’observation de l’UE envoyée en RDC
« Les téléphones sont bloqués par les services de renseignement de l’ANR », explique-t-on. « Des promesses ont été faites mais rien ne suit. Dans ce contexte, on ne peut que constater l’échec de la mission ».
Des outils essentiels
« Ces téléphones satellitaires sont des outils vitaux dans un pays qui a des dimensions d’un continent avec ses 2.345.409 kms2. On ne peut pas dépendre des réseaux classiques qui peuvent être coupés à tout moment », poursuit notre interlocuteur.
Depuis octobre 2023, les responsables ont introduit auprès des autorités les demandes d’autorisation qui sont demeurées à ce jour sans suite.
Ce mardi 28 novembre, Bruxelles devrait annoncer le retrait d’une de ses plus importantes missions déployées en Afrique.
Parmi les observateurs européens, on note la présence de Martin Kobler, l’ancien représentant du Secrétaire Général des Nations qui a dirigé la Monusco.
Les contraintes posées par le gouvernement du président Tshisekedi, candidat à sa succession, semblent avoir été posées afin d’éviter la présence gênante des observateurs d’un processus électoral dont l’organisation accuse de nombreuses lacunes.
De nombreux analystes politiques suspectent le président Tshisekedi de vouloir organiser une fraude électorale massive lors des prochains scrutins prévus le 20 décembre 2023.
Au début du mois de novembre, Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, avait annoncé la nomination de Madame Malin Björk, députée européenne, comme observatrice en chef de cette mission, en expliquant : « Les prochains mois seront décisifs pour la consolidation démocratique en RDC et la coopération bilatérale entre la RDC et l’UE. Il revient à toutes les parties de travailler ensemble pour rendre les élections pleinement inclusives, libres, transparentes et apaisées. Les libertés fondamentales d’expression, des médias, de réunion, d’association et de mouvement ne doivent souffrir d’aucune entrave ».
Malin Björk, de son côté, a déclaré : « Je suis honorée de diriger la Mission d’observation des élections de l’UE en RDC, la première dans ce pays depuis 2011. Tout doit être fait pour que les élections puissent se dérouler dans un climat compétitif, apaisé, inclusif et transparent. Mon souhait est d’apporter une contribution positive au processus. La mission de l’UE observera et évaluera l’ensemble du processus électoral à la lumière des normes internationales et régionales que la RDC a souscrites ».
(Avec LibreAfrique)