La Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo a décidé lundi de juger “par défaut” l’ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle Augustin Matata, poursuivi pour détournement présumé des deniers publics, dans le cadre d’un deuxième procès dans une même affaire.

A l’ouverture de l’audience, la défense de M. Matata a indiqué que ce dernier était malade et suivait des soins à l’étranger, avant de solliciter un délai de 60 jours pour le juger.

La cour “retient le défaut à l’égard de monsieur Matata et prie ses avocats de se retirer”, a déclaré son président Dieudonné Kamuleta après une brève suspension. Il s’agit d’une “décision inique, qui ne préserve pas le droit de la défense”, a réagi auprès de l’AFP Me Laurent Onyemba.

Aujourd’hui sénateur et président du parti Leadership et gouvernance pour le développement (LGD), M. Matata était Premier ministre de 2012 à 2016, sous le régime de l’ex-président Joseph Kabila (2001-2019).

En novembre 2020, l’Inspection générale des Finances (IGF) de la RDC avait conclu dans un rapport que 205 millions de dollars, sur 285 millions décaissés par le Trésor public pour le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, un projet pilote à 250 km au sud-est de Kinshasa, avaient été détournés.

M. Matata était nommément mis en cause, comme “l’auteur intellectuel” du détournement. Ce qu’il conteste.

En novembre 2021, la Cour constitutionnelle, plus haute juridiction du pays, qui juge en premier et dernier ressort, avait estimé qu’elle n’avait pas compétence pour juger un ancien Premier-ministre, coupant court aux poursuites contre lui.

En juin 2022, l’affaire était ramenée devant la Cour de cassation qui, le mois suivant, renvoyait l’ancien Premier ministre devant la Cour constitutionnelle pour être jugé à nouveau.

L’ex-chef de gouvernement est aujourd’hui poursuivi aux côtés de Déogracias Mutombo, ancien gouverneur de la banque centrale du Congo au moment des faits, et d’un ressortissant sud-africain, Grobler Christo, gérant d’une société sud-africaine.

M. Matata, également candidat d’opposition à la présidentielle de décembre prochain pour le compte de son parti, dénonce ce qu’il estime être des manœuvres visant à l’écarter de cette élection, à laquelle le président Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, est candidat pour un second mandat de cinq ans.

(AFP)

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