« Ce n’est pas Genève, mais c’est une première réponse face à la dérive du pouvoir, aux excès de président Félix Tshisekedi et dans l’optique d’un éventuel front commun de l’opposition républicaine en RDC”, explique ce vendredi 14 mars un acteur politique congolais, en référence à la réunion helvète qui avait désigné un candidat commun de l’opposition face au poulain de Joseph Kabila le 11 novembre 2018.
Pour la première fois, quatre présidents de partis politiques congolais (Delly Sesanga, Martin Fayulu, Matata Ponyo et Moïse Katumbi) se sont réunis officiellement à Lubumbashi, la capitale du Haut-Katanga, pour mettre au point une déclaration commune à un peu plus de neuf mois de l’élection présidentielle, toujours officiellement annoncée pour le 20 décembre prochain en République démocratique du Congo, même si les doutes son de plus en plus permis sur la tenue de ce scrutin à la date annoncée au vu des retards, cafouillages et hésitations affichés par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) dans l’enregistrement des électeurs, qui n’est que la première étape d’un long processus électoral qui doit mener aux scrutins de décembre.
Tout est à refaire
Les quatre cadors disent leur volonté “de sauvegarder l’unité et la souveraineté de la nation et de bâtir un État de droit fondé sur une véritable démocratie dans le respect de nos diversités”.
Ils stigmatisent ensuite tout ce qu’ils présentent comme les carences et dérives du régime en place, évoquant pêle-mêle “l’injustice, l’impunité, le népotisme et le tribalisme devenus un mode de gestion par excellence du pouvoir politique actuel”.
La liste des doléances est presque aussi longue que le chemin qui a mené le pays dans les profondeurs de la crise actuelle. L’insécurité “généralisée” qui frappe non seulement les deux Kivu et l’Ituri mais aussi le Haut-Katanga, le Mayi-Ndombé, le Kwilu et la partie est de Kinshasa est aussi mise en avant par ces leaders de partis qui pointent encore “le viol constant de la constitution et des lois du pays” avant d’appeler une fois encore “à la désignation consensuelle des animateurs de la Ceni, la révision de la loi électorale ou encore la recomposition de la Cour constitutionnelle”.
”Il est évident qu’on ne peut pas aller aux élections dans ces conditions”, explique à La Libre Matata Ponyo, l’ancien Premier ministre de Kabila, qui fut l’un des premiers à déclarer sa candidature pour la prochaine présidentielle. Et d’épingler l’enrôlement des électeurs dans sa province du Maniema. “On a enregistré moins d’électeurs qu’en 2018 alors qu’on a un taux de croissance démographique de 3,5 %, ça ne tient pas la route”, poursuit-il. “Dans le même temps, on voit que le Kasaï-Oriental atteint des niveaux exceptionnels d’enrôlement des électeurs alors que la province est touchée de plein fouet par un exode important, c’est inexplicable. Comment pourrait-on encore aller aux élections avec une Cour constitutionnelle largement dominée par des Kasaïens et un patron de la Ceni qui vient de la même région et qui répond aux ordres du président de la République. C’est évidemment inacceptable”.
Pas question pour autant de parler d’un boycott du scrutin pour le moment. “Il reste neuf mois, on va se mobiliser et mobiliser le peuple congolais. Lui non plus ne veut pas d’une mascarade de scrutin”.
Matata Ponyo et Martin Fayulu étaient apparus il y a quelques semaines au côté du Prix Nobel Denis Mukwege pour critiquer la gestion du pays par les autorités actuelles. Aujourd’hui, Denis Mukwege n’est pas signataire de ce communiqué de Lubumbashi “mais il est d’esprit avec nous”, enchaîne l’ancien Premier ministre. “Il peut nous rejoindre quand il veut. D’autres sont aussi les bienvenus”.
Avec La libre Afrique